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En marge du salon international de l’olivier ALGEROLIVA et dans sa troisième édition, le PASA -Pôle Soummam en collaboration avec le salon a organisé une journée dédiée à la femme œuvrant dans le secteur oléicole, le 31 Mai 2022 à la salle Dar El Djazair au sein du Palais des expositions (SAFEX) Alger.
La journée a eu pour objectif de réunir des femmes, tous profils confondus, travaillant dans le secteur de l’oléiculture : qu’elle soit chercheuse, productrice, femme rurale, dégustatrice, cadre dans des instituts de recherche, en administrations agricoles ou au sein de ministères. Elles ont ainsi pu se réunir dans un environnement propice aux échanges et à la réflexion sur leur rôle dans la filière, l’évolution de celle-ci et les perspectives à venir.
C’est au total 74 femmes, seules ou organisées dans le cadre de coopérative, association ou en comité, venues des wilayas de Béjaïa, Tizi Ouzou, Bouira, Boumerdes, Alger, Jijel, Tebessa, Skikda, Batna, M’Sila, Oran, Constantine ou encore Laghouat, individuellement, qui se sont réunies pour échanger autour de thématiques scientifiques, de gouvernance ou de production et essayer de trouver des réponses à des questions posées.
Des interventions constructives
Cette journée été ouverte par Mr GANI Samir, directeur du salon international de l’olivier ALGEROLIVA et du magazine l’olivier, spécialisé dans le secteur, il a salué en premier lieu cette initiative qui selon lui était tant attendu, ayant organisé plusieurs manifestations scientifiques en Tunisie d’abord ensuite en Algérie durant lesquelles, il a constaté la forte présence féminine et crois beaucoup dans le pouvoir de celles-ci à créer la différence et basculer certaines situations entravant l’avancée de la filière oléicole algérienne.
L’ouverture a été complétée par un mot de Mr Olivier RIVES, le chef du projet PASA – Pôle Soummam et coordinateur principal, en revenant sur le rôle que joue la femme, notamment la femme conseillère dans le programme PASA pole Soummam.
Animée par Mme Malika DOUZANE chercheuse et directrice de la division de recherche des technologies agroalimentaires de Mehdi BOUALEM à l’Institut National de Recherche Agronomique (INRAA) et Mme Yamina DERDAH, Responsable de l’aval au PASA Pôle Soummam, coordinatrice du WIOO en Algérie depuis Juin 2020, la matinée fut ponctuée de diverses interventions d’expertes du secteur oléicole.
Ainsi, Mme DOUZANE, en qualité de chercheuse dont l’essentiel de ses travaux se concentre sur l’olivier et l’huile d’olive a retracé, son parcours, de sa thèse de doctorat à la direction et l’organisation de grandes manifestations scientifiques spécialisées dans l’huile d’olive et dérivés ou encore le concours Apulée ayant contribué à l’amélioration, l’émergence de nouveaux produits et de producteurs de qualité supérieure .
Sa prise de parole a mis en lumière son activité dans l’accompagnement et le conseil auprès de plusieurs travaux de recherche, principalement à des fins universitaires.
De nombreuses intervenantes ont soulevé la nécessité des femmes algériennes à se regrouper pour renforcer la place de la femme dans la filière.
Ainsi Mme Jill MYERS (USA), fondatrice du Women In Olive Oil (WIOO), a retracé son parcours avec l’huile d’olive, mais à surtout détaillé la création du WIOO, né d’un besoin de réseautage en pleine crise de covid 19, comptant aujourd’hui à son effectif 3000 femmes dans 50 pays différents et reconnu par l’UNESCO et les Nations Unis.
Pour rappel, la mission du WIOO est de rassembler les femmes à tous les niveaux de l’industrie oléicole pour apporter des changements positifs au niveau mondial dans les domaines de la santé, la nutrition, l’éducation, l’environnement, les pratiques agricoles, le commerce équitable et l’égalité des genres.
Tout comme Mme Nehayah ALMUHAISEN, qui depuis la Jordanie, a raconté son retour d’expérience sur le Réseau Arabe de l’huile d’olive. Mme ALMUHAISEN a poussé les femmes à être active au sein de ce réseau à mettre en place plusieurs initiatives d’échanges de connaissances à distance menées par des scientifiques dans plusieurs pays arabes, mais aussi des initiatives de promotion de la consommation de l’huile d’olive notamment au profit de la petite enfance dans des écoles.
Autre intervention de qualité sur le réseautage, celle de Mme Samira SIFI LACHKHEM, personnalité tunisienne, ayant assuré la présidence du jury de dégustation du concours Apulée à plusieurs reprises, et au long parcours dans la recherche oléicole ( ex responsable du laboratoire d’analyses à l’Office national de l’huile en Tunisie).
Mme SIFI a appelé à renforcer le rôle de la femme dans le secteur, à le défendre, et à renforcer les collaborations internationnales pour améliorer la qualité, promouvoir les produits et booster la consommation.
D’autres prises de paroles ont pu mettre en lumière les succès de certaines histoires de femmes algériennes dans la filière à l’image de Mme Mebarka CHENITI, cheffe d’entreprise en gestation dans le domaine de repassage de grignon et fabrication de charbon à base de grignon d’olive. En revenant sur son parcours, Mme CHENITI s’est attardé sur les difficultés rencontrées lors de la réflexion autour de son projet, la recherche de financements et sa mise en place, difficultés surmontées de par sa volonté, prouvant que la femme a toute sa place dans l’entreprenariat oléicole.
La femme rurale est également laissée au dépourvu, puisque le métayage qu’elle pratique ne garantit ni sa sécurité, ni un revenu stable … ,
Yamina DERDAH, quant à elle, a félicité les participantes de leurs présence pour ensuite enchainer sur l’importance d’une filière plus inclusive pour les femmes et les jeunes. “Elle est également laissée au dépourvu, puisque le métayage qu’elle pratique ne garantit ni sa sécurité, ni un revenu stable … , c’est par ces propos que Mme DERDAH a rappelé la précarité des conditions de travail des femmes dans la filière, soulignant au passage la nécessité pour les femmes de porter leurs intérêts d’une seule et même voix.
Des idées pour le futur
Mais le cœur de cette journée fut les moments d’échanges au sein des 3 ateliers thématiques axés sur la production, la gouvernance et la recherche. Ces ateliers avaient pour objectif de regrouper les participantes par filière, et d’évoquer des initiatives pour une plus grande inclusion de la femme dans la filière.
A la suite de ces échanges, de nombreuses réflexions furent abordées :
- Le besoin pour les femmes de se rencontrer, véritables opportunités d’échanges professionnels
- Le besoin en formations professionnelles , particulièrement pour la femme rurale dont les moyens demeurent limités ;
- Le besoin de regrouper, mutualiser les ressources à l’image de jumelage associatif, association, coopérative, réseau, groupement etc
- Le besoin de travailler sur la protection des produits, la création de labels et la protection des savoir-faire.
Cette première journée de la femme dans la filière oléicole fut donc une réussite. Les chantiers sont nombreux ; formations professionnelles, création de regroupements, protection des savoir-faire, autant de projets que les femmes pourront débattre lors des futures séances de travail, avec peut-être la création future d’une association féminine nationale.