Pôle Soummam

Stockage, rentabilité, main d’oeuvre… : éclairage de Mme Berdous sur l’oléiculture à Tizi Ouzou

Partenaires indispensables du Pôle Soummam pour le PASA, les Conseils de Wilayas de la Filière Oléicole (CWIFO) disposent d’une expertise technique importante et de la reconnaissance des professionnels sur le terrain. A Tizi Ouzou où les exploitations oléicoles sont souvent petites et peu accessibles du fait de la topographie montagneuse, les défis sont nombreux pour renforcer la filière oléicole et appuyer les oléiculteurs et les oléifacteurs dans l’amélioration de leurs pratiques. Entretien avec Mme Saliha Berdous, vice-présidente du CWIFO de Tizi Ouzou.

Quel est le rôle du CWIFO ?

Le CWIFO, c’est un conseil de wilaya composé de 15 membres. Nous travaillons avec la DSA, la chambre d’agriculture – où se trouve d’ailleurs notre siège. Quand il s’agit d’organiser des formations, on travaille avec l’ITMAS. Nous consultons régulièrement le CNIFO également qui a une vision à 360 degrés des activités d’autres CWIFOS et peut nous appuyer dans la définition de notre feuille de route, de notre stratégie. Nous essayons de mettre en œuvre une technique de travail de vulgarisation sur le terrain.

Quel type d’activités le CWIFO de Tizi Ouzou met-il en œuvre ?

Nous avons désigné cinq champs oléicoles dans la wilaya de Tizi Ouzou pour mener des activités de démonstration au profit des oléiculteurs, sur la taille, le greffage, les traitements phytosanitaires, etc. L’objectif de notre CWIFO, c’est de diffuser les bonnes pratiques et d’ainsi améliorer la qualité de l’huile. L’intérêt de ces parcelles-pilotes, c’est d’être le plus proche possible des agriculteurs, d’apporter l’information directement à eux, nous déplacer plutôt que faire déplacer les oléiculteurs.

Dans la sélection des parcelles, nous avons voulu qu’elles soient visibles et accessibles, afin d’être vues par d’autres agriculteurs qui passeraient devant et qui pourraient constater une évolution dans le verger. Ce sont des agriculteurs qui ont accepté de mettre à disposition une partie de leur verger pour des activités de démonstration. Nous faisons appel à des maîtres-tailleurs parfois issus d’autres wilayas. On travaille sur la base du volontariat, nous ne sommes pas rémunérés.

Un grand bouleversement a aussi eu lieu concernant les calendriers de la récolte, autrefois décidés collectivement, tandis qu’aujourd’hui, c’est chacun pour soi.

Quelles sont les difficultés que vous observez au niveau de la filière oléicole ?

Beaucoup ont abandonné leurs oliveraies car ce n’est plus rentable. Les champs sont souvent loin du village. La rentabilité par rapport au temps et aux efforts déployés est trop peu intéressante : chez nous on commence le travail à partir du mois de septembre et ça peut se terminer jusqu’au mois de mars, selon la météo, le nombre de personnes impliquées, etc. Les agriculteurs ont très peu d’équipements aussi, ce qui allonge le temps de la récolte et la pénibilité du travail.
Certes, on a gardé notre goût à l’ancienne, traditionnel mais il y a des lacunes, il y a des goûts indésirables. Il y a des problématiques sanitaires liés au stockage qui est souvent long, dans des sacs en plastique ou à l’air libre. Cela a un impact négatif sur l’huile produite.

Il y a une perte énorme de temps liée au manque de main d’œuvre principalement : aujourd’hui, les femmes travaillent et ne peuvent plus consacrer autant de temps aux oliviers. Un grand bouleversement a aussi eu lieu concernant les calendriers de la récolte, autrefois décidés collectivement, tandis qu’aujourd’hui, c’est chacun pour soi. Au CWIFO, on souhaiterait réinciter les familles à travailler main dans la main, dans la solidarité, et à mutualiser leurs moyens, pour accélerer la récolte et réduire les temps de stockage. Il y a de rares exceptions comme des femmes qui se sont regroupées pour travailler ensemble, effectuer la récolte et se partager le fruit de leur travail, j’admire et je leur tire mon chapeau. Ce sont le genre d’initiatives qu’il nous faut encourager. Les femmes sont un maillon essentiel sur cette filière.

Le PASA lancera prochainement une étude de faisabilité sur le conditionnement de l’huile d’olive. Pensez-vous qu’il s’agisse d’une problématique importante pour les professionnels ou les consommateurs ?

Sur la question du conditionnement, nous avions une tradition ancienne de stocker l’huile dans des jarres en terre cuite mais ce savoir-faire s’est perdu dans les années 1980 et nous utilisons dorénavant des bouteilles en plastique. Mais les jarres en terre cuite pouvaient donner un goût de rance par ailleurs. L’inox et le verre sont très chers, nos agriculteurs peuvent rarement se permettre de telles dépenses.